Menu
Libération

Voile: Tariq Ramadan ciblé, le CFCM épargné.

Article réservé aux abonnés
Sarkozy l'a apostrophé alors qu'il aurait dû interpeller le Conseil français du culte musulman.
publié le 22 novembre 2003 à 2h00

Lors de sa prestation télévisée sur France 2 jeudi soir, Nicolas Sarkozy a cru bon d'interpeller Tariq Ramadan en l'exhortant, pour prouver qu'il était bien «modéré», à «demander aux jeunes filles musulmanes de retirer le voile dans les lieux publics». Citoyen suisse, Ramadan n'est pourtant pas censé se voir reconnaître une quelconque autorité sur l'islam de France. Nicolas Sarkozy ne devrait-il donc pas plutôt apostropher de la sorte les responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), qu'il a lui-même mis en place ? Au ministère de l'Intérieur, la question fâche : «Le CFCM n'a pas besoin d'être interpellé. Il y a un mois, il a pris une position assez claire sur le sujet.» Vérification faite, le conseil a estimé... qu'il ne lui revient pas de demander aux élèves de s'abstenir de porter le voile, car il s'agit d'«une prescription religieuse».

Dalil Boubakeur lui-même, le président du CFCM qui se revendique d'un islam modéré, explique que «la réponse normale est de dire : Monsieur le ministre, je n'ai rien à imposer ni à interdire. Le voile est une prescription religieuse mais Dieu n'impose rien, c'est à chacun ou à chacune de s'imposer telle ou telle chose». Le recteur de la Mosquée de Paris ajoute : «Mais si la société française n'est pas favorable au port du foulard en milieu scolaire, on ne peut que demander à nos gamines et à leurs familles de comprendre qu'en France, on ne se comporte pas comme dans un pays musulman.»

Fouad Alaoui, secrétaire général de l'Union