Jacques Chirac l'a promis avant l'élection présidentielle. Jean-Pierre Raffarin l'a annoncé avant la Gay Pride de juin. Manque de pot, c'est un député socialiste parisien, Patrick Bloche, qui, le premier, met l'affaire sur le tapis de l'Assemblée. Sa proposition de loi pénalisant les propos homophobes (mais aussi sexistes et handiphobes) doit être débattue ce matin au Palais-Bourbon. Elle vise à réformer la loi sur la presse, afin d'étendre à la lutte contre l'homophobie, le sexisme et la handiphobie les dispositions prévues pour les injures racistes, et permettrait aussi aux associations de se porter partie civile.
Irritations. Cette proposition sera rejetée. D'abord parce que la majorité ne veut pas faire de cadeau à Bloche, coauteur du texte sur le Pacs, qui avait fait sombrer la droite, en 1998, dans des abîmes d'homophobie. Ensuite, parce que le gouvernement Raffarin aimerait mettre à son actif au moins une loi gayfriendly : lundi, le garde des Sceaux, Dominique Perben, a installé un groupe de travail interministériel chargé de formuler des propositions sur le sujet avant la fin de l'année, en vue d'un projet de loi. Il entend laisser «du temps au temps», comme le dit un conseiller ministériel. Les députés de l'UMP ne seraient «pas mûrs» : «Il faut faire oeuvre de pédagogie et on n'y arrivera pas en trois jours.» Preuve en a été donnée lors de la réunion de la Commission des lois du 19 novembre. Le groupe UMP avait donné consigne de ne pas se prononcer sur la proposition