Pas mal pour une structure jeune qui fête à peine ses dix ans. Depuis sa création, en novembre 1993, le Samu social a donné deux ministres à la République : l'actuelle secrétaire d'Etat à la Lutte contre l'exclusion, Dominique Versini, et son prédécesseur, chargé de l'Action humanitaire d'urgence, Xavier Emmanuelli, dans le gouvernement Juppé (1995-1997). Depuis le début, le Samu qui n'est pas une association mais un groupement d'intérêt public (GIP) est la vitrine sociale de Jacques Chirac, maire de Paris, puis président de la République.
Refus polis. Ce qui n'enlève rien à l'action menée sur le terrain en faveur des exclus : gestion du 115, le numéro d'urgence pour les sans-abri, maraudes nocturnes avec des minibus pour aller à leur rencontre, création de plusieurs centres d'hébergement d'urgence, prise en charge hôtelière de demandeurs d'asile, mise en place d'un Observatoire de la précarité... Mais au-delà de ce travail, l'histoire du Samu social et celle de Jacques Chirac se confondent sur le champ politique. Ce sont des compagnons de route qui sont redevables l'un envers l'autre. Le Samu social doit son existence même à l'actuel chef de l'Etat. Au début des années 1990, Xavier Emmanuelli, médecin au centre d'accueil pour clochards de Nanterre, reprend à son compte une idée qui est dans l'air, à l'époque, dans les milieux d'aide aux démunis : créer une structure pour aller à la rencontre des sans-abri. Il affronte les refus polis des institutions vers lesquelles il s