Il circule chez les hommes politiques, dans les rédactions et au-delà. Il contient une «info» du tonnerre : Francis Mer, à la manière des grands patrons du privé, aurait négocié un «parachute doré» de 25 ou 30 millions d'euros lors de son départ du gouvernement. Suivent les «déclarations» de l'intéressé, qui se justifie, et d'hommes politiques (Le Pen, Besancenot, Mamère) qui condamnent. Bien tourné, mais rien n'est vrai, après vérification auprès des intéressés.
L'origine de cet e-mail semble se situer sur un site (1) qui s'était fait connaître en «révélant» qu'une Miss France était... un homme (2). Mais il court toujours, malgré un article du Figaro dénonçant la calomnie. Le site hoaxbuster.com, qui traque les rumeurs sur le Net, avait reniflé la désinformation sous le couvert du pastiche : «Sur le site, on voit bien le caractère loufoque de l'info. Mais une fois détaché de son contexte, sous forme de mail, cela peut sembler crédible», explique Guillaume Brossard, cofondateur de hoaxbuster.com.
Le ministre, lui, choisit le mépris. Son cabinet «souhaite ne pas prendre position officiellement» sur la question, espérant qu'elle s'éteigne seule ou que la presse démente. Mais l'e-mail circule sur l'intranet de Bercy et fait fureur auprès des agents du ministère. Dès le 18 novembre (alors que la mise en ligne date du 14), les syndicalistes du Snui, de la CGT, de la CFDT et de FO tentent d'alerter le ministre et demandent une mise au point pour enrayer l'épidémie. «Cette saloperie