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«Leur voile, j'ai envie de l'arracher»

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Des filles non voilées témoignent de la pression qu'elles subissent quotidiennement dans leur quartier à Paris, Lille, Mulhouse ou Avignon.
publié le 10 décembre 2003 à 2h15

Note du 29 août 2016 : cet article a été publié dans Libération en décembre 2003.

Le porter, ou pas. Elles ne le portent pas et se sentent agressées par les voiles qui prospèrent autour d'elles, leur renvoient l'image de la mauvaise Arabe, mauvaise musulmane, mauvaise fille. Le voile, Nadia, 22 ans, étudiante en arts plastiques à Lille, ne peut en parler qu'avec une boule dans la gorge. «Quand je vois une fille voilée de mon âge, ça me fait mal. Physiquement mal. Dans mon quartier à Roubaix, avant, ni les filles ni les mères ne se voilaient. Les femmes de ma famille se sont battues, sont mortes pour pouvoir choisir leur vie, et là, c'est l'inverse.» Louisa les déteste : «Elles ont la gloire avec elle. Autour de moi, c'est des filles pas intéressantes qui s'y sont mises, nulles à l'école, moches. Moi, j'ai eu 17 au bac de français, et les voisines prennent la tête à ma mère parce qu'elles me voient sortir le samedi soir.» Cette lycéenne de 17 ans est née et a grandi boulevard Ménilmontant (dans le XXe à Paris), au milieu d'enfants de toutes nationalités, librement du moins jusqu'à l'arrivée de familles «islamistes». «C'est une guerre. Il n'y a pas de mort, mais des regards et des réflexions qui tuent. Dans mon quartier, les Kabyles qui tiennent des cafés sont considérés comme le diable, et nous, les filles, on n'ose plus se mettre en terrasse. Sous prétexte que j'ai une tête d'Arabe, ils me font des réflexions, même les jeunes analphabètes.»

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