Pour se délivrer d'une histoire lourde à porter, les deux employés de la Croix-Rouge l'ont racontée à maintes reprises à leurs collègues. C'était le 22 novembre, au centre d'hébergement d'urgence du Bourget (Seine-Saint-Denis), visité hier par François Hollande (lire ci-dessus). Comme chaque jour, ils allument les lumières à 6 h 30 pour sonner le réveil dans ce grand hangar donné en gestion à la Croix-Rouge. Une demi-heure plus tard, un des employés fait une tournée pour réveiller les personnes encore couchées. Il raconte : «Au fond d'une des chambres, j'ai vu un monsieur allongé sur son lit. Il était violet. J'ai pris son pouls. Il ne battait pas. Après, on a appelé, la police, les pompiers, le Samu.» L'homme, un sans-abri, était mort.
Black-out. La hiérarchie immédiatement prévenue, le secrétaire général de la Croix-Rouge de Seine-Saint-Denis est arrivé sur les lieux, de même que le directeur du centre, qui n'est plus aujourd'hui salarié de l'organisation. Atterrés, ils ne perdent pas le nord pour autant. «Leur préoccupation était de savoir si la responsabilité de la Croix-Rouge pouvait être engagée, racontent des salariés. Ils voulaient savoir si le petit personnel n'avait pas commis une erreur, histoire de lui faire porter le chapeau.» «Il leur a aussi été dit "bouche cousue", pour que ça ne se sache pas à l'extérieur.» Pourquoi une telle attitude ? «Parce que la direction départementale se sentait en faute par rapport à la gestion du centre», selon des collaborateurs de