Député de la Drôme, Eric Besson est secrétaire national du PS chargé des questions économiques et de l'emploi. Il réagit à l'engagement de Jacques Chirac de faire de 2004 «l'année de l'emploi».
Quel jugement portez-vous sur les propositions de Jacques Chirac ?
Quand le président de la République parle, c'est pour compenser ce qu'il ne fait pas. On a retrouvé mercredi soir le Jacques Chirac des campagnes électorales, celui des incantations, celui qui prétend panser par des mots les plaies qu'il a lui-même ouvertes. On a retrouvé à la fois le discours très libéral sur «les charges excessives», la baisse des impôts ou «les procédures inutiles» et le discours plus «gaulliste social», théorique et jamais mis en oeuvre, sur le rôle d'impulsion de l'Etat. Il m'a donné le sentiment d'avoir conscience que son gouvernement était allé trop loin et qu'il existait un vrai risque pour la cohésion sociale du pays. Car il y a en ce moment en France une vraie désespérance sociale, qui peut se transformer en rupture sociale. Et Jacques Chirac en porte la responsabilité, puisque le pilotage macroéconomique de son gouvernement est un échec.
Le chômage commence pourtant à baisser...
Il a baissé de 0,2 % en novembre, mais a augmenté de 6,2 % en un an, soit 145 000 chômeurs de plus en 2003. Ce gouvernement n'arrive pas à comprendre que si l'emploi est effectivement un objectif, c'est aussi une condition de la confiance, et donc de la croissance. C'est le rôle qu'ont joué en 1997 et 1998 les 35 heures