Alexis Braud ne se sent pas l'âme d'un censeur. Responsable bénévole de l'hébergeur coopératif Ouvaton, il trouve «dangereux» le projet de loi en cours d'examen à l'Assemblée nationale, qui s'apprête à lui demander de faire le ménage sur les sites qu'il accueille. Ouvaton est un hébergeur classique : sur ses ordinateurs, il accueille 4 000 sites créés par 2 000 personnes. Un peu de tout, des pages d'associations, mais aussi de fans ou d'individus. Alexis Braud n'intervient en rien sur les contenus, son rôle est «technique», dit-il. Et s'il trouve absurde le projet de loi du gouvernement, c'est qu'il trouve la loi actuelle «équilibrée».
«Cache-sexe». Les hébergeurs ont déjà deux obligations: conserver l'identité des internautes qui usent du service, et obéir aux injonctions de la justice en cas de problème. «Je trouve ça très bien, je n'ai pas envie que, si quelqu'un me traite de salaud sur le Web, il puisse échapper à la justice», dit-il. Le texte du gouvernement en ajoute une troisième : débrancher lui-même un site s'il a eu «connaissance de son caractère illicite». En cas de manquement, l'hébergeur serait condamné au même titre que l'auteur du site. «Je n'ai pas la légitimité pour juger de ce qui est légal ou pas», rétorque Braud. La justice serait trop lente face à la rapidité du média, comme disent les défenseurs du projet de loi ? «C'est un cache-sexe, une décision en référé peut s'obtenir en quelques jours et en plus il y a peu de contentieux», rappelle