Le conseil vient d'un homme qui a réussi la prouesse d'être nommé à Matignon sans avoir jamais fait parler de lui auparavant : «Il faut se méfier des délices de l'altitude», confiait vendredi Jean-Pierre Raffarin à propos de Nicolas Sarkozy. Au terme d'une semaine de «Sarko folie», le Premier ministre prend des airs de vieux sage pour commenter les frasques de son puissant et épuisant numéro 2. Car le ministre de l'Intérieur est à la fois un formidable atout et une dangereuse épine dans le pied de l'exécutif. Fragilisé dans les sondages, Raffarin sait qu'il ne peut guère se passer de la popularité de son second. Même si la «starisation» de l'ancien lieutenant d'Edouard Balladur n'aide pas à créer une bonne ambiance au gouvernement. Les tentatives du Premier ministre pour lui trouver un challenger en interne ont jusque-là échoué. «Faites-en autant», lâche-t-il pourtant régulièrement aux grincheux et jaloux de son équipe qui aimeraient bien voir Sarkozy remis à sa place. «Vous avez vu la popularité qu'il a ? Je ne peux pas le virer !» analyse Raffarin. Il a besoin de lui pour aider la majorité à gagner les régionales. Il reconnaît : «C'est un bon ministre de l'Intérieur, je ne souhaite pas son échec.» La conférence de presse organisée en grande pompe mercredi Place Beauvau pour présenter les résultats du ministre en matière de sécurité n'a pas été jugée «déloyale» par Matignon. «Sarkozy 2004» ne dérange donc pas le chef du gouvernement. Ni «Sarkozy 2005 ou 2006», d'ailleurs. V
Quand Raffarin fait la leçon à Sarkozy
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publié le 17 janvier 2004 à 22h06
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