Menu
Libération

Un faisceau convergent de pressions sur les juges.

Article réservé aux abonnés
Du garde des Sceaux à l'Elysée, les signes de soutien se multiplient pour mieux déstabiliser le tribunal de Nanterre.
publié le 19 janvier 2004 à 22h07

«C'est aussi inadmissible qu'inévitable. Mais, à l'évidence, il s'agit bien d'une pression sur le tribunal.» Résumé par ce juge d'instruction parisien, tel est le sentiment dominant chez les magistrats après les propos d'Alain Juppé évoquant la possible fin de sa vie politique (lire ci-dessus). «On entend tous les jours des prévenus qui nous menacent : si vous me condamnez, je perds mon emploi, ma boîte dépose le bilan, je me suicide. Dans ce cas, Alain Juppé menace de se suicider politiquement, c'est un peu lamentable mais on connaît ça par coeur», lance un juge du siège parisien. De fait, les signes de soutien les plus divers au patron de l'UMP n'ont pas manqué depuis la fin du procès à Nanterre, le 17 octobre.

Dès le 5 novembre, le garde des Sceaux monte au front pour critiquer la disposition de la loi de 1995 sur le financement de la vie politique, qui prévoit l'inéligibilité automatique pour certains délits. Sur France Inter, Perben évoque de «mauvaises règles» et suscite les hurlements des syndicats de magistrats. Peu après, la presse révèle que le représentant du parquet à l'audience a, dès le mois d'avril, obtenu sa mutation à Paris, alors qu'il mettait la dernière main à un réquisitoire plaçant Juppé à l'abri de la moitié des poursuites. A la mi-décembre s'organisent les «fuites» annonçant le brillant avenir politique de Juppé s'il échappe au couperet de la justice. Puis vient, juste avant Noël, le soutien marqué de Chirac lors de l'inauguration du tramway de Bordeau