«Morituri te salutant» : ceux qui vont mourir te saluent. C'est par ces mots que répond désormais le service de presse de Pierre Bédier, secrétaire d'Etat aux Programmes immobiliers de la justice, convoqué aujourd'hui par le juge Courroye, qui risque de le mettre en examen pour «recel d'abus de biens sociaux et corruption». Si tel est le cas, l'ancien député-maire de Mantes-la-Jolie quittera le gouvernement dans la foulée. Dès ce soir ou demain matin. «Il est dans l'état d'esprit d'aller chez le juge avec un esprit combatif, mais s'il est mis en examen, il jettera le gant et décidera de soigner en priorité son honneur blessé», explique un de ses proches. Le ministre, qui a toujours clamé son innocence, «ne souhaite pas embarrasser qui que ce soit». Ni Raffarin ni surtout Chirac, dont il est un fervent soutien. C'est au chef de l'Etat qu'il devait son fauteuil à la table du Conseil des ministres. Cité dans cette affaire de pots-de-vin, Bédier avait déjà pris, il y a quelques mois, la décision de ne pas briguer la tête de liste UMP pour la région Ile-de-France.
Il a discuté à plusieurs reprises de son cas avec le Premier ministre. Raffarin refuse la jurisprudence dite «Bérégovoy-Balladur», qui veut qu'un ministre mis en examen démissionne sur le champ. «Il faut respecter la présomption d'innocence», explique Matignon. Et donc laisser les personnes concernées décider en conscience si elles doivent rester ou partir. C'est la règle qui a été appliquée à Renaud Donnedieu de Vabres,