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Libération

A La Réunion, raz de marée de retraites anticipées

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Un cumul d'avantages provoque une pénurie de fonctionnaires dans l'île.
publié le 28 janvier 2004 à 22h20

La Réunion, correspondance.

Une véritable hémorragie. En quelques mois, 800 fonctionnaires, pères de trois enfants et ayant quinze ans d'ancienneté, ont demandé à prendre leur retraite anticipée à La Réunion. Et 530 ont déjà obtenu leurs «vacances à vie». Ces fringants quinquagénaires profitent d'une jurisprudence du Conseil d'Etat, qui a vu le jour après un arrêt de la cour de justice des communautés européennes obligeant la France à respecter l'égalité des sexes : les hommes, pères de trois enfants au moins, peuvent bénéficier, comme les femmes, d'une annuité supplémentaire par enfant.

Privilège. En France, seuls 750 000 fonctionnaires «géniteurs» pourraient ainsi réclamer de profiter immédiatement de leur pension. Mais ces ayants droit n'ont souvent pas le nombre suffisant d'annuités pour bénéficier d'une retraite à taux plein. A La Réunion, en revanche, un privilège «historique» (réservé à l'outre-mer) permet de concilier revenus et repos : pour trois ans d'activité, les fonctionnaires gagnent une annuité supplémentaire. Dès l'âge de 48 ans, un agent de la direction départementale de l'équipement, qui a commencé à travailler à sa majorité, bénéficie donc de 40 annuités. Les heureux retraités ont aussi droit à une majoration (spécifique à La Réunion) de leur pension de 35 % en raison du coût de la vie.

Au milieu des orchidées de son jardin du Tampon, à 1 000 mètres d'altitude, Joël Dennemont est bien placé pour le savoir. Depuis qu'il a pris sa retraite anticipée à 56 ans, l