C'est presque un premier pas vers l'immortalité : alors qu'il s'apprête à quitter la scène, Marc Blondel vient de rejoindre le cercle chic des responsables publics promus personnages de fiction de leur vivant. Cela se passe au Théâtre des Deux Anes, juste à côté du Moulin rouge, cela s'appelle Et la tendresse, Blondel ! et, entre autres figures politiques du moment, on y voit un Blondel cigare au bec et tirant sur ses bretelles en chantant: « Une manif, c'est fait pour foutre le bordel. Je sais, j'y ai consacré ma vie ! » Une satire, bien sûr. Mais aussi un hommage de cette France populiste à laquelle le leader de FO, à force de coups de gueule, a fini par ressembler. «J'adore le personnage, sa faconde, sa mauvaise foi, dit Jacques Maillot, qui a écrit le spectacle. C'est un bon client. C'est un des derniers dinosaures de la politique. »
Blondel s'en va. Début février, il fera ses adieux lors du congrès de Force ouvrière, à Villepinte. Rideau sur une longue carrière syndicale : c'est en 1960, à l'âge de 22 ans, qu'il est devenu permanent FO. Une vie de pur apparatchik, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, c'est l'engagement pour l'ascenseur social et la défense de convictions toujours bonnes à rappeler: «La société est divisée en classes. Il y a une différence entre celui qui n'a pas besoin de travailler et celui qui a besoin de travailler pour vivre. C'est une donnée incontournable.» Le pire, c'est une interminable comédie de boulevard autour de quelques accessoire