Marseille n'a pas eu la Coupe de l'America mais se retrouve quand même avec quelques barreurs émérites qui tentent de tirer des bords sur le littoral. Des navigateurs d'un genre technocratique. La vue sur mer, dans cette ville, est désormais un enjeu clé. Une vieille Marseillaise vous dit : «La coupure ici ne sera plus entre les quartiers nord et sud. Elle sera entre la côte et l'intérieur.» Les voiliers devaient redresser la ville. C'est encore vrai. Mais sans la Coupe, ce sera plus long, plus dur et plus incertain.
Il suffit d'écouter les capitaines de l'urbanisme local. Il y en a plusieurs. A Marseille, le maire ne fait pas tout. Il compose avec le directeur de l'Etablissement public d'aménagement Euroméditerranée, dit Euromed, vaste opération d'Etat, essentiellement en bord de mer. Sur ces terrains-là, c'est le préfet qui délivre les autorisations de construire, particularité rarissime en France. Le maire compose aussi avec le directeur du Port autonome de Marseille, émanation de l'Etat, comme tous les ports autonomes. C'est dire si le maire compose souvent.
Les trois personnages naviguent dans les mêmes eaux. Avec le même cap ? Celui de la mairie, en tout cas, est clair. La candidature à la Cup a révélé «une forte conscience des enjeux du nautisme à Marseille», explique Jean-Claude Gondard, secrétaire général de la ville. 8 000 anneaux ne suffisent pas, la loi Littoral bloque la croissance des ports en Méditerranée. Sont donc prévus 2 000 à 3 000 anneaux nouveaux dans le