Le Puy-en-Velay (Haute-Loire) envoyé spécial
«Je suis de la CGT-Canal historique.» Joël, agent à l'hôpital psychiatrique du Puy-en-Velay, a un grand sourire sous une moustache de bougnat. Sa plaisanterie s'adresse à son collègue Bernard, lui aussi cégétiste, mais en provenance de la CFDT, quasi défunte dans le département de la Haute-Loire, et marque une forme de préséance sur les nouveaux venus. Car la CGT du département vit une véritable révolution. De 2 000 adhérents il y a peu, elle est en passe de franchir la barre des 5 000 grâce à l'adhésion groupée de presque tous les syndicats CFDT, qui ont décidé en septembre de quitter la centrale après l'accord sur les retraites signé par François Chérèque. A près de 2 900, ils représentent le tiers des effectifs officiellement passés d'une maison à l'autre au niveau national.
Réserves. Pour fêter «l'événement», la CGT recevait Bernard Thibault jeudi soir dans la plus grande salle du département, où se massaient plus de 1 500 personnes venues écouter religieusement leur secrétaire général. Du coup, on oublierait les voix discordantes comme celle du syndicat CGT de l'équipement, qui, opposé à la ligne Thibault de «syndicalisme rassemblé», refuse obstinément d'accueillir des transfuges. Ou d'autres syndicats qui acceptent les nouveaux sans leur offrir de responsabilités. Ou encore les réserves d'anciens cédétistes comme Michel, éducateur spécialisé, «vingt-cinq années à la CFDT», qui confie son dilemme : «Je n'ai pas oublié les purge