Le fantasme d'embourgeoisement de Marseille a été construit au XIXe siècle. Il a pris la forme d'une longue rue haussmannienne, avec façades sculptées. Les promoteurs de l'époque pensaient que, rue de la République, viendraient habiter de grands bourgeois. Mais entre le Vieux-Port et le port industriel de la Joliette, seuls les marins, les transitaires, les commerçants trouvaient là une sorte de promotion sociale par l'adresse, mouvement bien décrit par deux chercheurs, Pierre Fournier et Sylvie Mazzella, dans un ouvrage collectif à paraître au printemps (1). La classe moyenne des travailleurs du port, en somme. Mais pas plus.
Loin des plages. Aujourd'hui, deux autres chercheurs, Jérôme Dubois et Maurice Olive, estiment, dans le même ouvrage, que la rue de la République pourrait attirer à nouveau une classe moyenne qui a des raisons, familiales ou professionnelles, d'être là. Mais ils doutent qu'une élite tertiaire à fort pouvoir d'achat vienne habiter ces appartements sombres, sans terrasse, loin des plages, quand elle peut s'offrir l'inverse dans arrondissements du sud. Ce pari des riches, c'est pourtant celui qu'a fait un promoteur alsacien, P2C, qui a acheté près de la moitié de la rue plus de 100 000 m2 en 2000. Et qui tente aujourd'hui de les revendre. Car il a découvert entretemps que «quand on achète pour 100 euros dans cette rue, il faut en remettre 200 derrière en réhabilitation», comme l'explique François Jalinot, directeur général de l'Etablis