C'est un sweat-shirt revu et corrigé en couleur locale. Sur le dos, on peut lire «Marseille» et, juste en dessous, «Belsunce Breakdown», comme dans la chanson de Bouga. Sur le cours Belsunce, à quelques encablures du Vieux-Port et des bureaux flambant neufs d'Euromed, le magasin Papi propose sa ligne de vêtements. Le temps où les clients traversaient la Méditerranée pour remplir des sacs et des containers de baskets et de jeans est déjà loin. Les boutiques de la rue se sont rabattues sur la jeunesse marseillaise friande de Nike vendues 20 % moins cher que sur les artères chic. «Le problème, c'est la réputation du quartier», se lamente un vendeur en emballant une paire soldée dans un carton certifié US. «Les gens croient que c'est du faux.»
Poulets vivants. Ce n'est pas la toute nouvelle bibliothèque et sa façade de marbre poli qui y changeront quelque chose : quartier aujourd'hui décati, Belsunce a mauvaise réputation auprès des responsables et des élus. Capitale du commerce de bazar en plein coeur de la ville, on y trouve de tout, du lot de cinq paires de chaussettes au poulet vivant (le rouge est à 2,75 euros le kilo, le noir à 3,05), des cigarettes de contrebande (3,50 euros le paquet) aux robes de mariage brodées fabriquées en Syrie et talons aiguilles pailletés. Les grossistes chinois, installés depuis deux ans, jouent du coude avec les boucheries maghrébines, les «telebootiks» font de l'oeil aux coiffeuses africaines.
Jusqu'au milieu des années 90, le ce