Sitôt la décision connue, Tony Blair a téléphoné à Jacques Chirac pour le remercier. L'Elysée venait d'annoncer, vendredi en milieu de journée, que le second porte-avions français ne serait pas à propulsion nucléaire. «Ce choix ouvre les meilleures perspectives de coopération entre les deux pays» pour la construction de leurs porte-avions respectifs, ont estimé les deux hommes.
La décision de l'Elysée ne constitue pas une surprise (Libération du 16 janvier). Mais c'est une rupture par rapport au choix technique fait pour le Charles-de-Gaulle, ainsi qu'une défaite du lobby nucléaire et des chantiers navals de la Direction des constructions navales (DCN).
Cette préférence pour une propulsion classique, comparable à celle des grands paquebots, s'explique par la conjonction de deux facteurs. D'une part, l'état-major de la Marine nationale fort de l'expérience du Charles-de-Gaulle jugeait qu'une solution nucléaire était trop coûteuse en termes d'entretien. «Le mode de propulsion classique dégage une économie globale de plus de 10 %», affirme le ministère de la Défense. Cette décision a pourtant fait l'objet de vifs débats dans la Marine, où les mots ont parfois volé bas entre «dinosaures du nucléaire» et «écolos»...
D'autre part, à l'Elysée, la priorité absolue était de laisser la porte ouverte à une coopération avec les Britanniques, qui vont construire deux porte-avions. Or l'option nucléaire imposait une conception franco-française. Mauvaise pioche pour célébrer en grande pom