Vitry-le-François (Marne) envoyé spécial
Surtout ne pas en parler. Pour ne pas donner de «mauvaises idées» aux électeurs. Voilà deux heures que le président sortant (UMP) de la région Champagne-Ardenne fait son numéro. La salle de l'ancienne école des filles de Saint-Rémy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson, tout au sud du département de la Marne, est presque comble. Soit, pour ce chef-lieu de 600 âmes, une trentaine de personnes. La plupart sont des retraités, sauf la demi-douzaine d'agriculteurs installés au fond de la salle. Jean-Claude Etienne touche les uns, harangue les autres et fait sourire tout le monde. Pensez donc : lui, le professeur de médecine et sénateur, ose dire «vachement». Il évoque les grues cendrées du lac du Der qui «bouffent» les terres ensemencées, philosophe sur «la drogue douce qui pourrait devenir dure» consommée par les jeunes, et sur le chômage, «ce méga problème... auquel nous n'avons pas trouvé de réponses véritables». Mais du Front national, «le professeur» ne pipe mot. «Sinon, ça va le faire monter.» «Le FN va faire très fort», pronostique en catimini le président de Champagne-Ardenne. Et il ajoute, toujours sur le ton de la confidence : «Devant, on va avoir droit à l'extrémisme de droite. Et derrière, il y aura la gauche. Et derrière encore, il y aura nos deux listes.» Sous-entendu : celle qu'il conduit et celle de Charles-Amédée de Courson (UDF), le député de la circonscription.
Incompréhension. Sur ces terres, au milieu des bocages, le FN ne