La langue de bois présidentielle a au moins un mérite : elle révèle au grand jour l'absence de politique claire de ce gouvernement en faveur de l'industrie française. En plaidant pour «un soutien à l'innovation» pour lutter contre la violente vague de désindustrialisation qui s'abat sur certains bassins d'emplois français, le chef de l'Etat fait d'abord aveu d'impuissance. Les optimistes veulent, pourtant, y voir une prise de conscience. «C'est un début et quasiment une première qu'un Président s'intéresse de près à ces questions», assure un participant à la table ronde réunie hier à l'Elysée. «Mais c'est aussi la preuve que ce gouvernement est à la recherche d'une politique», poursuit un autre. C'est le moins que l'on puisse dire.
Cacophonie. Car bien malin est celui qui peut expliquer les priorités du gouvernement en matière de compétitivité des entreprises françaises. Un jour, c'est Jean-Pierre Raffarin qui fait l'apologie des baisses de charges et de la fiscalité pour conserver et attirer les «talents» sur le sol français. Un autre, c'est Francis Mer, le ministre de l'Economie, qui exhorte les entreprises à innover et à ne pas uniquement attendre des baisses de charges. Au sein même de Bercy, règne une certaine cacophonie. D'un côté, c'est Renaud Dutreil, secrétaire d'Etat aux PME, qui reconnaît en privé que le mouvement de délocalisations n'est pas si grave s'il est compensé par des créations d'entreprises. D'un autre, c'est Francis Mer qui fait du sauvetage financier d'