Après l'annonce par l'Insee du gonflement de la dette publique en 2003 (Libération de mardi), Didier Migaud, député socialiste et ancien rapporteur du budget à l'Assemblée, a accusé, hier, «le gouvernement Raffarin d'avoir délibérément creusé les déficits publics». Dès l'année dernière, Philippe Marini, rapporteur général UMP du budget au Sénat, avait alerté la majorité sur le danger de l'aggravation de la dette. Interview.
Avec une dette qui atteint 63 % du PIB et un déficit public de 4,1 %, va-t-on vers un dérapage général des finances publiques ?
Ce qui est certain, c'est qu'il nous faudra payer la dette. Car laisser filer la dette et les déficits, c'est nous mettre dans la main de nos créanciers, c'est-à-dire les marchés financiers. Cela se traduira forcément par des sacrifices lourds dans nos dépenses. Et si la croissance n'atteint pas cette année 1,7 %, comme prévu par le gouvernement, il faudra se poser la question de coupes budgétaires supérieures à celles réalisées l'an dernier. En matière budgétaire, il n'y a pas de surprise : on voit venir les difficultés.
En promettant une baisse de la TVA sur la restauration et un dégrèvement de la taxe professionnelle, pour un coût minimal de 4 milliards d'euros, le gouvernement n'a-t-il pas fait un chèque en blanc sur l'avenir ?
Je ne suis pas partisan des mesures catégorielles. Il vaut mieux faire évoluer la fiscalité dans son ensemble plutôt que de céder à telle ou telle corporation. Il ne faudrait pas non plus distribuer les fr