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Libération

A Toulouse, des idées ou des gommes

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publié le 10 mars 2004 à 23h40

Ils voyagent dans le TER, c'est la région qui les transporte. Voteront-ils pour autant aux régionales ?

«Mais il FAUT voter, j'te dis.» «Ah oui ? Et tu vas voter pour qui?» «J'sais pas...» 7 h 20, voie 3, gare des Arènes à Toulouse. Une troupe d'élèves de classe terminale s'apprête à rejoindre le lycée international de Colomiers. Olivier grimpe le premier dans la deuxième voiture, laisse tomber son sac sur les pieds d'un voyageur ­ «pardon, monsieur» ­, et continue d'argumenter en se retournant à peine vers ses camarades : «Il y a les gens qui ne se satisfont pas du monde tel qu'il est et qui votent. Et les autres, les blaireaux qui subissent...» A 7 h 27, quand Ludo se met à chantonner dans la langue de son ingénieur berlinois de père et que Marc lui répond «clips de M6», l'apprenti citoyen rend les armes. Il n'est pas sûr que ces régionales le mobilisent lui-même suffisamment pour poursuivre : «C'est pas vraiment flashant, un conseiller régional...» La région ne s'occupe-t-elle précisément pas des trains et des lycées qui font son quotidien ? Il se rebiffe : «Si je vote, c'est pour défendre mes idées, mes convictions politiques. C'est pas pour élire celui qui me promettra plus de gommes et de crayons !» Lætitia se mêle à la conversation : «Il y a façon et façon de distribuer les gommes. Pourquoi Chirac promet-il de l'aide à Madagascar et ne veut-il envoyer que des soldats en Haïti ? La politique est dans tout.» Elle sourit d'avoir dit ça. Parce qu'elle ne saurait pas expliq