Pendant quinze jours, Libération interroge des Français touchés par la politique gouvernementale. Aujourd'hui, Dominique Neves, 42 ans, buraliste à Lyon.
«Je tiens le Romarin, près de la place des Terreaux. Ces deux dernières années, deux choses ont beaucoup pesé sur mon métier. D'abord la sécurité, qui est revenue dans le coin. Mais je ne sais pas si ça tient à l'action du gouvernement ou à celle de la ville. Après, il y a la hausse du tabac. En un an, on aura pris 35 % dans la gueule ! C'est dingue... Pour moi, ça s'est traduit par une baisse en volume de 40 %. Heureusement, on a réussi à se soulever, à fermer nos rideaux pour la première fois, et à manifester. Ç'a porté ses fruits. On va toucher des compensations financières. On s'en sort bien. Mais ce n'est pas une solution. C'est comme si je vous enlevais votre boulot pour vous donner de l'argent à la place. Et, même s'ils compensent les pertes sur le tabac, l'augmentation des tarifs se traduit aussi par une baisse de fréquentation. Donc une baisse sur les produits complémentaires, la confiserie, la carterie, etc., que les gens achètent quand ils viennent pour des clopes. Moi, je rembourse mon crédit sur la vente de tabac. Mais mon salaire, je le tire des produits complémentaires.
Un bureau de tabac, c'est très particulier. Vous le payez très cher parce qu'il n'y a pas de concurrence : c'est un monopole de l'Etat. Mais en même temps, les prix étant fixés par l'Etat, c'est un contrat de confiance. S'il augmente de 35 % d'u