Pendant quinze jours, Libération interroge des Français touchés par la politique gouvernementale. Aujourd'hui, Didier Galas, 37 ans, comédien à Paris.
«Depuis que j'ai commencé ce métier, après ma sortie du Conservatoire en 1988, j'ai toujours bénéficié du régime des intermittents du spectacle. Et je ne me suis jamais considéré comme un précaire. J'ai eu la chance d'avoir régulièrement du travail, j'avais l'impression que je vivais de mon métier. Je me suis même dit quelquefois que je pouvais correspondre à la définition du bobo.
«Depuis la signature du nouveau protocole d'assurance chômage des intermittents, j'ai compris que j'étais un bohème, mais certainement pas un bourgeois. Moi qui viens d'un milieu populaire, je me suis trouvé soudain ramené à mes origines. Et je me pose des questions nouvelles : comment gagner ma vie en faisant ce métier ? Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ? A l'approche de la quarantaine, à un âge où cela devrait commencer à rouler, je me sens rattrapé par la précarité. Et pourtant je suis un privilégié, j'ai eu la chance de jouer régulièrement dans des théâtres reconnus, des centres dramatiques ou des scènes nationales.
«J'ai beaucoup d'amis qui ont perdu leurs droits. La semaine dernière, j'ai rencontré un metteur en scène qui gagne surtout sa vie en faisant des ateliers en milieu scolaire. Il a eu moins de chance que moi dans son parcours. Mais c'est un professionnel reconnu, il a été l'assistant de Claude Régy. Il a perdu ses droits depuis qu