Ils voyagent dans le TER, c'est la région qui les transporte. Voteront-ils pour autant aux régionales ?
Marseille, 8 h 35, hier. Cinq gaillards, dans un compartiment du TER pour Vintimille, en Italie. Ils sont au pâté-vin rouge. Les élections ? «Je m'en cague», répond Michel, retraité SNCF, 59 ans. «Gouvernés par des cons, d'autres cons viendront à leur place», rigole l'autre Michel, retraité du bâtiment, 66 ans. De droite, mais ne lui parlez pas du gouvernement : «Ils partent en brioche. Ils font tous des conneries. Regarde l'autre, à la Santé, il laisse mourir 15 000 vieux !» Marcel, dit Celou, retraité SNCF, 70 ans : «Chirac, il est passé avec même pas 30 % et il fait le cake ! D'abord, il devrait être en prison !»
Celou tape sur «les Arabes» : «Ah, les Arabes en France, ils sont pas malheureux.» Les autres s'esclaffent : «Et les Arméniens non plus...» Celou l'Arménien rectifie : lui est «immigré français». Et il veut voter FN : «On me dit : "Mais toi qui es né en Arménie, Le Pen, il va te renvoyer là-bas !" Mais non, c'est pas possible, ça serait la révolution. Quoi, on ne doit pas le prendre parce qu'il est contre les juifs ? Mais moi aussi, ils m'emmerdent : on ne parle que d'eux à la télé !»
Le quatrième de la bande, c'est Hicham, 26 ans, agent de sécurité. Les autres : «Là, on a un immigré, mais un sérieux. Un adopté.» Hicham est le futur gendre de Jacques, 62 ans, livreur de boissons, qui, assis à côté, débouche les côtes-du-rhône. Hicham à Jacques : «Tu vas voter ?» J