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Libération
Interview

«Tout a été cassé au nom du budget»

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publié le 16 mars 2004 à 23h47

Pendant quinze jours, Libération interroge des Français touchés par la politique gouvernementale. Aujourd'hui, Florence Dursapt, 39 ans, professeure de philosophie à Saint-Etienne (Loire), militante au secteur «précaires» au Snes-FSU.

«Avec ce gouvernement, l'accès au service public passe de plus en plus par la précarité. Même s'il avait fallu lutter, nous avions obtenu des gestes de la gauche : la loi Sapin de résorption de la précarité, le plan pluriannuel de recrutement d'enseignants sous Jospin... Tout a été cassé, au nom de logiques budgétaires. Comment ? Par une réaction en chaîne. Pour recruter moins, l'Education nationale affecte des remplaçants sur des postes fixes non pourvus. Qui remplace les remplaçants quand un enseignant est malade ? Des contractuels, ou des vacataires. Ces derniers sont dans une extrême précarité : ils sont payés à l'heure et ne peuvent pas effectuer plus de deux cents heures de cours par an. Double absurdité : ça ne leur ouvre aucun droit au chômage, et cela revient à dire qu'une heure de cours équivaut à une heure de travail, comme s'il n'y avait pas de préparation, de correction, de concertation avec les collègues, etc. Cette situation fait table rase de tous les acquis sociaux, et nie les missions du service public. La situation des précaires rejoint celle des étudiants. Comme le nombre de postes ouverts aux concours de recrutement d'enseignants est en chute libre (- 40 % dans certaines matières), les candidats recalés deviendront précaires