Ils voyagent dans le TER ; c'est la région qui les transporte. Voteront-ils pour autant dimanche ?
Gare de Bordeaux. 17 h 47. Un TER poussiéreux démarre pour Arcachon. Vitres encrassées. Fauteuils fatigués. «Encore un bon voyage ! Il paraît que la région modernise et finance de nouveaux trains. J'en ai jamais vu la couleur», râle Franck, 29 ans, pantalon noir, chemise grise et mine froissée. En formation accélérée pour décrocher un BTS (brevet de technicien supérieur) commercial, il juge la politique de la région Aquitaine au travers du TER qu'il prend deux fois par jour. «Au fait, c'est qui le président de la région ?» Franck ne connaît pas le président sortant, Alain Rousset (PS). Il promet de rattraper son retard et d'étudier le programme des candidats. Pas facile. «C'est dur de se positionner.» La gauche ? En Aquitaine, elle n'aurait pas «tenu ses promesses», Franck l'a «lu dans le Nouvel Obs». Au plan national, elle «n'a pas de leader» et manque de «lisibilité». «Ah, si seulement Jospin pouvait revenir...» La droite ? Franck n'a «plus confiance» : «Chirac, pour la canicule, il n'était pas là.» Il y a aussi «le mauvais coup» fait aux chômeurs : «D'un coup, ils n'ont plus rien. C'est honteux.» C'est décidé, dimanche, il ne votera pas pour l'UMP Darcos, mais pour l'UDF Bayrou, «qui est sympathique et a l'air sincère. Et puis, pourquoi il n'y aurait pas plusieurs partis à droite, hein?»
Gujan-Mestras. Le TER se vide. Catherine, 22 ans, est étudiante en langues étrangères appl