Pendant quinze jours, Libération interroge des Français touchés par la politique gouvernementale. Aujourd'hui, Rachida Qabbal, 50 ans, comptable, qui travaille et réside à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
«Je suis musulmane pratiquante. Je ne porte pas le foulard, et si j'étais devant une jeune fille voilée, je lui dirais de l'enlever. En même temps, je suis pour la liberté ; j'entends qu'on laisse le choix aux jeunes filles de s'habiller comme elles le veulent. Et j'en ai marre qu'on montre les musulmans du doigt. Etre musulman, c'est être terroriste, antisémite, non laïque, non progressiste, et, pour une femme, soumise. Des fois, j'ai envie de dire : "Foutez-nous la paix, laissez-nous tranquilles !"
«Quand le gouvernement Raffarin a été nommé et que Nicolas Sarkozy a pris en main l'élection d'une représentation du culte musulman en France, on s'est dit : "Ce gouvernement s'intéresse à la communauté musulmane et il va permettre à l'islam d'avoir droit de cité en France."
«Bien sûr, avant, il y avait eu la campagne électorale pour la présidentielle. Et, comme à chaque élection, des partis politiques ont mis en avant les immigrés à propos de l'insécurité dans les cités. Mais après le 21 avril, le gouvernement a essayé de montrer qu'il s'intéressait aux musulmans, il a entrepris de nous donner des représentants, il a nommé des ministres fantoches... Et, tout d'un coup, le sécuritaire est revenu ; Nicolas Sarkozy a axé toute sa politique là-dessus et s'est mis à taper sur les jeune