Nevers, Beaune envoyé spécial
Cramoisi. A quelques jours du premier tour, baguenaudant sur le marché de Beaune (Côte-d'Or), Jean-Pierre Soisson fait presque peine à voir. Il se traîne d'étal en stand, serre des mains ici, embrasse là, tutoie toujours. Parfois, un éclat de rire tonitruant envahit la place. Comme si, en s'égosillant, le président sortant (UMP) du conseil régional de Bourgogne voulait dire : «Je suis là. Regardez-moi, j'existe encore !» A 69 ans, Jean-Pierre Soisson mène mollement campagne, sachant que c'est la dernière. Comme s'il était certain, le 28 mars, de laisser son fauteuil de «duc de Bourgogne» à celui qu'il surnomme le «Soisson de gauche», François Patriat. Le doute est tout de même permis.
L'ex-ministre de Giscard et de Mitterrand, l'homme d'«ouverture» à la social-démocratie rocardienne et le partenaire du FN est aussi filou que finaud. Cet homme qui, il n'y a pas si longtemps, maniait l'esthétique du trouble, est capable aujourd'hui de sublimer son hypothétique défaite pour mieux la retarder. Ecoutons-le : «C'est difficile. Je leur parle, ils [les électeurs] ne m'écoutent pas... Ils n'écoutent pas plus les autres... Tous mes adversaires veulent abattre Soisson. Ça fait peur.» Pour un peu, on sortirait son mouchoir à carreaux. Pourtant, «Jean-Pierre», qui prépare déjà le deuxième tour, fait tout pour retarder l'échéance. Le soissonisme une sorte de clientélisme rehaussée de gastronomie fine et saupoudré de culture moyenâgeuse reste vivace. D'abord