Bastia (Haute-Corse) envoyé spécial
Les inscriptions jalonnent la route d'Ajaccio à Bastia. Impossible de ne pas les voir. A Corte, sur un mur, juste en face de la gare, «Arabi fora !» («Les Arabes dehors !»), «Trop de voiles, pas assez de cagoules» ou encore un menaçant «On prépare les couscoussiers», pour dire les bombes, s'étalent en lettres noires. «Des tags insupportables dans une ville universitaire qui accueille des étudiants venus de tout le pourtour de la Méditerranée», s'emporte Noëlle Vincensini, une des fondatrices de l'association antiraciste Ava Basta! (Maintenant, ça suffit !), en 1986. L'association d'insertion l'Atlas, présidée par Dominique Merlinghi, conseillère municipale d'Ajaccio, spécialisée dans la préparation de plats cuisinés marocains à emporter, a vu sa devanture barrée d'un «Les Arabes: la valise ou le cercueil» et «Attention couscoussier». Les pneus du véhicule de livraison ont été crevés.
«Troisième pastis». A l'approche des élections territoriales, la Corse connaît une nouvelle bouffée de racisme. «Cela avait déjà été le cas avant la présidentielle, souligne André Paccou, le responsable de la section insulaire de la Ligue des droits de l'homme (LDH). Mais, cette fois, il ne s'agit pas de quelques individus qui pètent les câbles après le troisième pastis, mais bien d'une campagne organisée.» Au point que les services de police de l'île ont mis sur pied une cellule chargée de recenser et photographier les tags et d'en identifier les auteurs. Ava B