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Libération

La prof et le fleuriste du Montpellier-Nîmes

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publié le 18 mars 2004 à 23h48

Ils voyagent dans le TER ; c'est la Région qui les transporte. Voteront-ils pour autant dimanche ?

Montpellier, gare relookée new age, TER pourri. Tout au moins le Narbonne-Avignon de 8 h 56. Des vieux wagons Corail sont couverts de graffitis. Un passager démarre au quart de tour : «C'est la merde tous les jours. Y a jamais un train à l'heure. J'ai dû appeler mes employés pour leur dire que je serai en retard.» Guy est jeune. Il vient d'ouvrir un grand magasin de fleurs à Nîmes. Il se dit de droite ­ «évidemment, dans ma situation» ­, lit Libé ­ «c'est sympa, comme journal !» ­ et n'ira pas voter dimanche, faute de s'être inscrit sur les listes.

Soudain, une femme, dans les 25 ans, s'approche : «Bonjour ! Je vous ai entendu parler politique. Moi, je suis enseignante contractuelle en histoire-géo. J'habite dans la banlieue de Montpellier. Le rectorat m'a nommée dans la banlieue de Nîmes. Ça me fait six heures de trajet par jour, et ça me mange 50 % de mon salaire !» Votera-t-elle dimanche ? «Oui, et j'espère bien que cela va changer ma situation. Une chose est sûre, il faut que Blanc (le président UMP de la région) s'en aille.» Le jeune entrepreneur bondit : «Votre situation n'a rien à voir avec la région ! C'est l'Etat qui gère votre carrière !» Elle réplique : «La gauche, avant, je n'y croyais pas. Mais quand je vois la façon dont on traite actuellement les jeunes qui démarrent, c'est dégueulasse.» Le fleuriste : «Les Américains, quand on leur parle des 35 heures, ils se marr