Pendant quinze jours Libération interroge des Français touchés par la politique gouvernementale. Aujourd'hui, Jean Terlon, restaurateur à Longjumeau (Essonne), avec sept salariés.
«Les élections de dimanche ne comptent guère, puisque les régions n'ont pas ou peu d'influence sur l'exercice de notre métier de restaurateur. Les élections importantes pour nous, ce serait plutôt les européennes qui vont suivre en juin. L'Europe a toujours un côté anglo-saxon, tatillon, réglementaire. On le voit avec le blocage persistant de la baisse de la TVA sur la restauration. Et nos spécialités culinaires sont mal vues. C'est normal, la plupart des autres pays sont passés à la nourriture industrielle, alors que nous sommes une terre de cuisine artisanale.
Le climat a changé. Nous ne sommes plus vus comme de gros imbéciles de commerçants. Nous sommes des entreprises comme les autres. On réhabilite le travail, et non plus les loisirs. Pour moi, c'est important : mon père était blanchisseur, comme ma grand-mère, et mon grand-père était tanneur. Quand on a toujours vu les gens travailler autour de soi, on travaille soi-même. Et j'ai la chance de vivre mon métier comme une passion. Nous sommes enfin écoutés. Non pas spécialement par la majorité elle-même. Je me souviens du refus d'Alain Juppé de nous entendre lorsqu'il était Premier ministre. Récemment encore, Jean-François Copé nous prédisait que nous obtiendrions «un jour» la TVA. Pourquoi pas aux calendes grecques ?
Mais Jean-Pierre Raffarin et R