La religion ? Tarak Ben Ammar a ça en portefeuille. Pas la foi illuminée de son ami Mel, mais un «background» oecuménique bien utile pour promouvoir la Passion du Christ, qu'il distribue dans quinze pays. De KTO Télé à TF1, son partenaire en affaires, Tarak Ben Ammar prêche en boucle «l'humanisme» gibsonien. Simple et heureux distributeur, «je n'ai payé aucun droit!», il sacrifie au rituel médiatique des superproductions en l'absence des principaux intéressés. Sortant de sa serviette des ouvrages encore intacts sur les Ecritures, il désamorce la critique. «C'est un film sur la souffrance. La polémique sur l'antisémitisme est hors de propos, le Christ était juif, il ne faut pas l'oublier...» Son staff explique : «Mel Gibson n'est pas là parce qu'il n'en a rien à foutre. Le film a coûté 25 millions de dollars et a déjà rapporté quatre fois plus aux Etats-Unis.»
Pour Tarak Ben Ammar, l'occasion de sortir de l'ombre est belle. Depuis vingt ans, ce businessman cosmopolite aux relations sulfureuses, à la fois producteur de cinéma, banquier d'affaires et excellent connaisseur des médias, était toujours photographié aux côtés de ses «amis» Silvio (Berlusconi), Rupert (Murdoch), ou Michael (Jackson). Grand, opulent, mais au second plan. Quand «Mel» l'a appelé pour distribuer son film hémoglobique, il était justement en train de se lancer à son compte dans l'industrie des médias. Il a soufflé l'affaire à la concurrence, qui applaudit l'artiste : «Il est très intelligent, très sympathiq