Il y a un mois, revenant de Londres, Dominique Strauss-Kahn a piqué une petite colère : dans la capitale anglaise, il avait participé à un colloque coorganisé par Policy Network, le think-tank de Tony Blair, et son propre club de réflexion, «A gauche en Europe», et cela lui valait une nouvelle fois d'être traité de «droitier» par ses rivaux au sein du Parti socialiste. Alors même que Laurent Fabius et François Hollande ont été eux aussi reçus par Tony Blair (Hollande fin 2002 et Fabius à l'été 2003), l'accusation traduit l'intensité de la compétition entre les présidentiables socialistes. Mais elle révèle aussi comment, dans la gauche française, le nom et la politique du Premier ministre britannique obnubilent, objet de fascination autant que repoussoir.
Modèle à part. Etre ou ne pas être le copain de Tony : la question hante le PS depuis la victoire des travaillistes en 1997. Quand il était à Matignon, Lionel Jospin a enduré les comparaisons désagréables entre son «archaïsme» et le «modernisme» du Britannique. Aquilino Morelle, ex-conseiller politique de Jospin, reconnaît l'attraction, «non pas idéologique, mais politique», que Blair suscite en France : «Son projet s'explique par l'histoire de la Grande-Bretagne, notamment le choc du thatchérisme, et il n'est pas exportable. En revanche, les Français sont fascinés par sa jeunesse, sa force de conviction, sa capacité de communication.» «Il a une cohérence et une stratégie, à mes yeux erronées, mais qui manquent aux sociaux-dé