Après la défaite collective, l'affront personnel. Jean-Pierre Raffarin vient d'avaler une couleuvre qu'il aura du mal à digérer : le report du vote sine die de son projet de loi sur la décentralisation, sous la pression conjuguée de la gauche, des associations d'élus locaux et... d'une partie de l'UMP, irritée par son «intégrisme décentralisateur» (dixit Jean-Louis Debré).
Humiliation. Le grand texte raffarinien devait être solennellement voté aujourd'hui à l'Assemblée nationale, plus de cinq mois après sa première lecture au Sénat. Au lendemain de la déroute électorale, le gouvernement a d'abord prévu un retard de «quelques jours», sans plus d'explications. Puis, lundi, Raffarin n'a même pas osé évoquer la décentralisation dans son discours de politique générale. Nouvelle humiliation : le président du groupe UMP à l'Assemblée, Jacques Barrot, a annoncé hier que la loi organique sur les transferts financiers aux collectivités serait finalement examinée avant la seconde lecture du texte sur la décentralisation à l'Assemblée. Ce que Raffarin avait toujours refusé. Et Barrot d'ajouter, non sans cruauté : «Le travail accompli ne mérite pas d'être ignoré...» Une victoire sans bavure pour l'opposition, qui avait réclamé en vain cette inversion du calendrier. Le groupe UMP devrait dire ce matin si le texte mérite de passer à l'Assemblée dans les prochaines semaines. Ou si, au contraire, il est urgent de ne pas bouger.
Au total, ce sont près de 12 milliards d'euros qui doivent sortir