Appelons-les «primo votants». Ils ont entre 18 et 19 ans et ont glissé pour la première fois un bulletin dans l'urne les 21 et 28 mars, lors des élections régionales, participant au raz de marée à gauche. Eux qui n'avaient pas encore le droit de vote le 21 avril 2002, et ont parfois découvert la politique en manifestant contre Le Pen entre les deux tours de la présidentielle, ont pris leur «devoir de citoyen» très au sérieux. Leur forte participation au scrutin a surpris. Ils ont massivement donné leur voix à la gauche. Libération a rencontré ces jeunes votants devant les portes de leur université parisienne.
Le vote-sanction
«Ce gouvernement, c'est n'importe quoi»
Du côté des récriminations, ils avaient l'embarras du choix et l'envie de taper fort contre le gouvernement Raffarin. Medhi, en Deug de Mias (maths et informatique appliquées aux sciences) à Jussieu, a tout simplement regardé autour de lui : «C'est le contexte qui m'a fait voter à gauche. A la fac, il y a pas mal d'étudiants en colère contre les réformes de l'université. Et les chercheurs qui démissionnent, ça m'a marqué.» Son copain Victor, qui rêve d'être ingénieur du son, n'est pas en reste : «Je suis solidaire des intermittents, des chômeurs, des chercheurs. Ce que fait ce gouvernement, c'est n'importe quoi. Augmenter le prix des cigarettes, mettre des flics et des radars partout... Ils vont se prendre une nouvelle raclée aux européennes, et ils l'auront bien cherchée.»
Cécile, en Deug de langues, a d'abord voté A