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Libération
TRIBUNE

Crever l'excès de secret en France

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Appel pour créer un mécanisme de contre-pouvoir citoyen qui offre un accès plus libre à l'information.
par Denis Robert, Sophie COIGNARD, le Rapport Omerta, Bruno GACCIO, les Guignols de l'info, Paul MOREIRA, rédaction de 90 minutes, Marie-Monique ROBIN et Olivier TOSCER, Nouvel Obs
publié le 16 avril 2004 à 0h15

Après des mois de procédures, de pression médiatique, et l'accord formel de la commission consultative sur le «secret défense», la ministre de la Défense, Michelle Alliot-Marie, a fini par consentir à le lever sur des documents requis par la justice française pour éclairer la mort du juge Borrel, assassiné en 1995 à Djibouti.

Nous assistons là, une fois de trop, à l'ineffable culte de l'administration française pour l'opacité et le secret.

Imaginons maintenant qu'il existe sur le site web du ministère des Affaires étrangères un formulaire électronique qui permette à n'importe quel citoyen, après une période de latence à définir, de demander des documents sur n'importe quelles opérations. «Turquoise», par exemple, pour y voir plus clair sur l'intervention française pendant le génocide au Rwanda : les notes de la DGSE, les minutes des réunions conduites par Alain Juppé et le timing des décisions.

Nous vivons en France, pays où l'on a mis au placard en 1997 deux documentalistes des Archives nationales parce qu'ils avaient eu le malheur de prendre au sérieux des engagements publics de transparence du Premier ministre Jospin et de dévoiler la liste des Algériens tués par la police du préfet Papon le 17 octobre 1961.

Faut-il se résigner à ce que le devoir de réserve des fonctionnaires reste pour toujours la version française d'une omerta légale ? Est-il réaliste de vouloir questionner le secret d'Etat, secret défense et secret judiciaire ? Est-il raisonnable de penser qu'il pourrait e