Sitôt publié, sitôt oublié. Depuis sa torgnole électorale, Jean-Pierre Raffarin est devenu le meilleur fossoyeur de ses propres idées. Et le plus rapide. Hier matin, alors que les conclusions de la mission d'évaluation des conséquences économiques et sociales des 35 heures n'avaient même pas été officiellement dévoilées, le Premier ministre faisait savoir, par son entourage, qu'il n'était pas question pour lui de modifier la législation sur le temps de travail. La question «n'est pas à l'ordre du jour», a indiqué son entourage à l'AFP. A la poubelle, donc, les 288 pages du rapport, résultat de 53 auditions et «sept déplacements», et ses propositions à fort relent libéral.
«Emiettement». La mission était présidée par le député UMP Patrick Ollier et avait pour rapporteur Hervé Novelli, l'animateur du courant libéral au sein de l'UMP. Sans surprise, la partie «constats» du rapport s'attache à charger la barque du gouvernement Jospin. Au-delà des considérations économiques, il va jusqu'à estimer que les 35 heures «ont imprimé une marque profonde sur la société française, aggravant son émiettement». Et c'est pour combattre cet émiettement que la mission énonce plusieurs propositions qui ont par avance soulevé les hauts cris des syndicats.
Toutes visent à contourner les 35 heures. Il s'agirait, par exemple, de remplacer la prime de 10 % pour les heures supplémentaires (à la charge de l'employeur) par une exonération (payée par l'Etat) des cotisations sociales payées par le salarié,