La nature a horreur du vide. Face à un Jean-Pierre Raffarin amorphe, Nicolas Sarkozy se prend pour le «Monsieur tape-dur» de la droite. Quitte à déraper. Interpellé hier sur son récent voyage aux Etats-Unis, par un député socialiste lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie s'en est violemment pris au gouvernement de Lionel Jospin sur le délicat sujet de l'antisémitisme. «J'ai été l'invité de la totalité des associations de juifs américains, qui ont souhaité remercier la France pour le combat déterminé que nous menons contre l'antisémitisme, a-t-il lancé, survolté. Ils ne se sont pas arrêtés à cela puisqu'ils ont voulu me remettre une récompense. Ça ne risquait pas d'arriver à M. Vaillant. Parce que, après cinq années du gouvernement de M. Jospin, on était arrivé à faire croire aux Etats-Unis d'Amérique que la France était un pays antisémite.»
Outrés, les députés socialistes ont immédiatement quitté leurs bancs pour protester contre ces propos. Tandis que la séance des questions se poursuivait, ils se sont groupés au pied du perchoir en scandant «des excuses, des excuses !». Particulièrement furieux, le premier secrétaire du PS, François Hollande, Henri Emmanuelli, qui s'était accroché la veille avec Nicolas Sarkozy, ainsi que l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant, mis directement en cause par le numéro 2 du gouvernement, sont montés en première ligne. Un peu plus tard, dans un rappel au règlement, Daniel Vaillant a exigé des