Le 30 juin, la justice française devrait se prononcer sur l'éventuelle extradition de Cesare Battisti, réfugié politique en France depuis 1981 et en fuite de son propre pays pour des actes commis dans les années 70. La décision a été renvoyée après une première audience de la chambre d'instruction le 7 avril, date qui a fait resurgir pour un certain nombre d'entre nous des souvenirs tristes et douloureux.
Le 7 avril 2004, a en effet été le 25e anniversaire de l'arrestation d'une soixantaine d'intellectuels et d'ouvriers par le juge Calogero, qui était à l'époque et qui est encore aujourd'hui le procureur de la République de la ville de Padoue. Ces ouvriers et ces intellectuels étaient tous accusés d'avoir organisé un vaste mouvement au sein des usines et des universités qui poussait à l'«insurrection armée contre l'Etat» (un délit introduit dans le code pénal italien pendant le fascisme, puni par la réclusion à perpétuité, et qui n'a jamais été abrogé depuis), et en particulier de représenter le cerveau d'une organisation politique dont la façade officielle aurait été nommée «Autonomia operaia» (autonomie ouvrière), et dont la structure clandestine aurait été celle des Brigades rouges. Ils étaient en outre accusés sans preuves d'être les responsables de dix-neuf assassinats, et en particulier de celui du président de la Démocratie chrétienne, Aldo Moro. Après sept ans, alors que les accusés avaient attendu en prison un procès qui eut finalement lieu, ces accusations ont é