Dans une interview parue dans le Point le 6 mai, le psychologue Aldo Naouri compare les souffrances psychiques des enfants qui vivent avec des parents homosexuels à celles qu'ils ressentent lorsqu'ils sont victimes d'un viol ou d'un inceste. «Pourquoi diable veulent-ils un enfant alors qu'ils ont choisi ou assumé une sexualité qui ne le permet pas ?», demande-t-il, reprenant dans son langage rustique une idée qui s'est imposée chez beaucoup de philosophes et de psychologues. Nombreux sont ceux qui vitupèrent depuis des années contre la médecine de la procréation en appelant les gens stériles à se «résigner», car ils voient dans l'idée d'un «droit à l'enfant» une horrible manière de réduire ces pauvres créatures à des «produits» : la venue au monde d'un être humain ne saurait dépendre de la décision d'un autre, car alors il se sentirait totalement aliéné. Seule l'acceptation d'une certaine «fatalité» dans la procréation permettrait d'éviter que les enfants soient comme des machines à laver à usage de leurs parents.
Cependant, ce que ces «experts» font n'est rien d'autre que de justifier le droit absolu à devenir parents dont disposent ceux qui ont les capacités corporelles pour procréer. Etre parent devient affaire de performance. Si on la réussit, l'Etat n'aura rien à dire, même si vous êtes Jack l'éventreur, Klaus Barbie ou Ben Laden. Tandis que si vous ne réussissez pas, l'Etat a toutes sortes de droits pour vous dire que les enfants ne seront pas avec vous en sécurité, ne