Etre reconnu comme «sage» et élu comme «immortel», quel président de la République n'en a jamais rêvé ? Giscard l'a fait. Cet homme de 78 ans qui réunit aujourd'hui les siens du moins ce qu'il en reste pour luncher en souvenir de son entrée à l'Elysée, il y a juste trente ans, est un des plus facétieux destins de la vie politique française. Il a d'une certaine façon accouché la modernité française, mais demeure l'image incarnée de cette France d'en haut dont le rejet fait l'actualité électorale d'aujourd'hui.
Son septennat (1974-1981) aura produit plus de réformes qu'il n'en fut sans doute accompli ensuite par ses successeurs. En ce temps-là il est vrai, une réforme, c'était comme les meubles d'ébéniste, c'était fait pour durer. Rien à voir avec les mesurettes de maintenant dont on ne sait trop si elles résisteront aux aléas de la conjoncture ou franchiront le cap de la prochaine alternance. Si une nostalgie s'ébauche des années Giscard, c'est peut-être l'évocation de ce temps où tout restait possible dans un monde qui ne savait pas encore que les Trente Glorieuses prenaient fin.
Réformes et gadgets. Comme souvent, la mémoire est fâchée avec la chronologie. En fait, Giscard aura réalisé le plus saillant de son septennat en 500 jours, faisant passer au pas de charge le droit de vote à 18 ans, la légalisation de l'avortement, le divorce par consentement mutuel, le collège unique, la généralisation de la mixité dans les écoles, engagé (timidement) le démantèl