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Interview

1974-2004. Sirinelli: «VGE, un cousin éloigné de Mai 68»

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1974-2004. Jean-François Sirinelli, historien, analyse les changements à l'initiative de Giscard:
publié le 19 mai 2004 à 0h41

Professeur à Sciences-Po et directeur du Centre d'histoire de l'Europe du XXe siècle, Jean-François Sirinelli décrypte l'héritage des années Giscard (1974-1981).

Le septennat Giscard, c'est la conservation ou la révolution ?

C'est une France coincée entre le conservatisme perçu lors du mandat de Georges Pompidou et un après-Mai 68 dont droite et gauche essayent de tirer les leçons. Mais c'est surtout une France qui change à toute vitesse. Deuxième contraste, le septennat de Giscard s'inscrit à la fois dans la poursuite des Trente Glorieuses et, déjà, dans le début de la crise. Enfin, troisième contraste, Giscard était un homme jeune qui avait fait campagne sur ce thème après le long règne d'un de Gaulle âgé et la maladie de Pompidou. Au total, VGE a pressenti ces mutations et a essayé de les accompagner, parfois de façon spectaculaire comme lorsque, contre une majorité très hostile, il a mené à bien la réforme de l'IVG.

Mais on perçoit mal l'héritage législatif de ces années ?

Sans doute parce que Giscard a changé la vie dans des domaines qui nous paraissent aujourd'hui banals : je pense à l'abaissement de la majorité à 18 ans ou à l'assouplissement des conditions du divorce. VGE avait également créé le premier secrétariat d'Etat à la Condition féminine et même nommé un ministre des Réformes. Il a placé son action sous le signe du changement et l'a mise en oeuvre dans le domaine socioculturel.

VGE, c'est la droite qui a digéré 68 ?

A droite, Mai 68 avait provoqué un premier débat chez les gaullistes avec la tentative de Nouvelle Société de Chaban-Delmas (1969-1972). Mais la configuration n'était pas propice, sans doute parce qu'exista