Si l'idée est encore neuve, elle fait son chemin à un train de sénateur. Et elle subit même un sérieux recul. Près d'un quart de siècle après la première promesse électorale en ce sens, celle qui figurait dans les 110 propositions du candidat Mitterrand en 1981, l'idée d'accorder le droit de vote aux étrangers non-européens aux élections locales redevient minoritaire en France.
Selon le sondage CSA-la Lettre de la citoyenneté (1), seuls 45 % des personnes interrogées se déclarent «très» ou «assez favorables» à l'octroi du droit de vote pour les municipales et les européennes aux résidents en France non-membres de l'UE. Un recul de 12 points par rapport à la précédente enquête qui date de septembre 2003. Dans le même temps, le nombre d'opposants à une telle réforme progresse, lui, de 15 points. Et voilà l'opinion française ramenée plus de deux ans en arrière, au niveau qui était le sien aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001. La nette majorité qui s'était progressivement dégagée depuis l'automne 2002 pour approuver cette mesure est donc partie en fumée. Contre-coup de l'interminable polémique autour du port du voile islamique, conséquence de l'exacerbation des communautarismes, nouvel accès de «lepénisation des esprits» accentué par la «sarkozysation» des képis, le reflux touche toutes les catégories de Français. Au final, les personnes âgées de plus de 50 ans (64 %), issues de catégories populaires (61 % des ouvriers) ou sans diplôme (64 %), s'y déclarent le plus h