Avec son accent suranné, ses neuf enfants et son territoire polynésien transformé au fil des ans en un petit royaume à sa botte, Gaston Flosse est l'une des figures politiques françaises les plus singulières. Sénateur et président du gouvernement de Polynésie depuis 1984 grâce à un statut de très large autonomie, il bénéficie de l'indéfectible amitié de Jacques Chirac. Le chef de l'Etat voit en lui un «visionnaire avisé» et en fait, en 1986, son ministre en charge du Pacifique Sud.
Débauche. A presque 73 ans, «l'ami Gaston», comme l'appelle le Président, envisageait de renforcer encore considérablement son emprise sur la vie locale. Déjà doté d'un hymne, d'un drapeau, d'un fastueux palais de style néocolonial et même d'une garde en uniforme, il s'apprêtait à remercier son ami Chirac en lui dédiant le nom d'une place à Papeete et en lui érigeant une statue. Il est vrai qu'à ses côtés le président de la République se métamorphose en un autre homme. En visite en juillet dernier en Polynésie, Chirac était systématiquement bras dessus bras dessous avec Flosse, hilare en toutes circonstances, et comme subjugué par la débauche de festivités organisées en son honneur. «Il nous a tout donné, nous n'avons plus grand-chose à lui demander», expliquait alors Flosse en l'accueillant à l'aéroport.
Persuadé que l'autonomie constituait le meilleur rempart face à l'indépendantisme, Flosse a défendu la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique au lendemain de l'élection de Chirac