Marseille envoyé spécial
Usé et fatiguant il y a un an, «époustouflant» aujourd'hui. Ou comment Michel Rocard, 74 ans, tête de liste socialiste pour les européennes du 13 juin dans la grande région Sud-Est, est passé, au sein de son propre camp, du statut de préretraité quasi pestiféré à celui de «star» de cette campagne. Au printemps 2003, au moment de l'examen de la réforme des retraites de François Fillon, l'ancien Premier ministre en avait agacé plus d'un au PS en mettant de l'eau dans le vin de «l'opposition frontale» qui animait alors ses camarades. «Il nous tire dans le dos», dénonçait, à l'époque, un député. «Si Rocard veut être candidat sur une liste UMP, qu'il y aille !» s'énervait un autre dirigeant. Dans les réunions de section, nombreux étaient les militants qui pensaient qu'en se démarquant ainsi du parti sur les retraites, mais aussi sur les conséquences de la réforme des 35 heures, le député européen sortant avait signé un bordereau d'entrée dans la maison de retraite des éléphants socialistes.
«Pêche d'enfer». Aujourd'hui, à moins de trois semaines du scrutin européen, il n'y a plus un socialiste pour dire du mal de Rocard. «Il a une pêche d'enfer !» s'enthousiasme un membre de la direction qui l'a suivi en déplacement en Ardèche. Pas très fan, un député est bien obligé d'admettre que l'ancien Premier ministre jouit d'«une cote d'enfer». Rocard s'amuse de sa nouvelle fortune : «Les militants du PS sont comme tout le monde. Ils ont le droit de changer d'avis. S