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Interview

«Je n'ai pas flirté avec les limites»

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Paul Andreu, architecte du terminal 2E de Roissy qui s'est effondré dimanche, se défend d'avoir eu trop d'audace. Et revient sur le déroulement du chantier.
publié le 28 mai 2004 à 0h49

Architecte en chef d'Aéroports de Paris (ADP) jusqu'à sa retraite en 2002, Paul Andreu a conçu la plate-forme de Roissy depuis le début, en 1973. Il était à Pékin, où il achève le nouvel opéra, quand il a appris la nouvelle de l'accident.

Qu'avez-vous vu ?

J'ai vu que c'était cassé. Et je voulais voir que c'était cassé. Il faut comprendre ce que ça peut être d'entendre au téléphone, quand on est à je ne sais combien de kilomètres, quelqu'un vous dire que votre bâtiment chéri vient de s'écrouler. C'est une irréalité. C'est pour cela que je n'ai pas voulu parler : qu'est-ce que j'aurais dit ? Je suis là pour aider à trouver la vérité. Je veux la connaître, même si elle m'est désagréable. Mais, en rentrant, je voulais d'abord voir que ce n'était pas un cauchemar, que c'était la réalité, épouvantable. J'en suis là. Sincèrement, je n'ai pas d'hypothèse à ce stade. En tout cas, il n'y a aucune cause évidente. Comme beaucoup de gens l'ont dit, la probabilité est qu'il y a une conjonction de causes. Tout cela est scientifique, matériel, et s'expliquera.

Le bâtiment était-il audacieux ?

Je pense que cette jetée était audacieuse dans son esthétique. Mais que, techniquement, elle n'était pas révolutionnaire. Cette espèce de beauté suspendue, de mystère, était due à ce renversement du regard qui fait que le béton est en dessous et le verre au-dessus. C'est une structure qui utilise le mélange de béton et d'acier dans ses parties latérales. Ces structures mixtes existent. Ça n'est pas un prototype absolu que j'aurais voulu faire à toute al