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Libération

La haine des «soce-dem», plate-forme électorale

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Après des régionales ratées, les trotskistes persistent dans leur rejet du PS.
publié le 1er juin 2004 à 0h52

Cela amuse toujours le militant moyen, sa femme et ses enfants. Au jeu de fléchettes, le joueur se paie des têtes politiques connues. Jusqu'à hier, au stand 113 de la fête de Lutte ouvrière (LO) à Presles (Val-d'Oise), le trotskiste pouvait viser et piquer quatre têtes de Turc au choix : Jacques Chirac, Jean-Marie Le Pen, François Fillon et... Jack Lang. Ce dernier a même droit à une légende, au cas où le joueur n'aurait pas reconnu ses traits caricaturés : «Jack Lang râpeuse». L'humour trotskiste n'a d'égal que sa haine du «soce-dem», pour «social-démocrate», la pire des insultes en pays révolutionnaire. En période électorale, cette animosité est décuplée.

Gifle. C'est que la haine anti-PS est devenue le principal fonds de commerce électoral de LO et de son alliée, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Et c'est Arlette Laguiller qui l'exprime le mieux : «Aux élections européennes, explique très sérieusement la porte-parole de LO, la gifle au gouvernement doit être en même temps un vote d'avertissement envers le PS. Il faut désavouer la droite gouvernementale et sa politique, mais sans amnistier la gauche pour le passé et sans la cautionner pour l'avenir.» Un slogan que fait volontiers sien Olivier Besancenot. A ses divers auditoires, le porte-parole de la LCR ne cesse de jeter en pâture «les Strauss-Kahn et autres Fabius», figures tutélaires, selon lui, de «la gauche libérale». Des propos qui font écho à ceux tenus, hier, dans Libération par Philippe Corcuff, professeur