A quatre mois des élections sénatoriales, les élus de la Haute Assemblée se rebiffent. C'est assez rare pour être souligné. Et plutôt inquiétant pour le gouvernement. Car le clash est imminent. Hier, au premier jour de l'examen du projet de loi organique sur l'«autonomie financière des collectivités territoriales», le désaccord est apparu au grand jour. Les deux rapporteurs du projet de loi, Daniel Hoeffel (UMP) et Michel Mercier (UDF), ont prévenu qu'ils s'apprêtaient à faire voter, aujourd'hui, au moins un amendement contre la volonté du gouvernement.
Marque personnelle. Les deux sénateurs veulent que l'Etat renonce à considérer les impôts nationaux transférés comme une «ressource propre» des collectivités locales. Autrement dit, ils veulent profiter de la décentralisation lancée par Jean-Pierre Raffarin pour se défaire de la tutelle de l'Etat. «Il faut établir des relations financières saines, sûres et sereines entre l'Etat et les collectivités, a dit le président du Sénat, Christian Poncelet. Il en va de la réussite de l'acte II de la décentralisation.» Message transmis à l'ancien sénateur Jean-Pierre Raffarin qui ne vit pas très bien la révolte de ses ex-collègues contre un texte qui porte sa marque personnelle.
Décidément offensif, Daniel Hoeffel ne s'est d'ailleurs pas privé de rappeler à la tribune que la position aujourd'hui défendue par le Sénat était celle de Jean-Pierre Raffarin... quand celui-ci y siégeait. Depuis, «la fiscalité locale a été progressivement démant