Berlin de notre correspondante
Allemand pour les affaires, turc de coeur et très probablement bientôt député social-démocrate au Parlement européen. Chef d'entreprise d'origine turque le plus connu en Allemagne, Vural öger, 62 ans, détenteur d'un passeport allemand, est ce que l'on peut appeler un Turc intégré. Arrivé à Berlin en 1960 pour suivre des études d'ingénieur des mines à l'Université technique, il décide, neuf ans plus tard, de monter une entreprise de voyages. L'arrivée massive de travailleurs émigrés en Allemagne dans les années 60 lui a donné l'idée brillante d'affréter des charters entre Hambourg et Istanbul. Devenue florissante, l'entreprise öger Tours transporte aussi en Turquie des milliers d'Allemands en manque de soleil. «Ils n'ont plus les mêmes préjugés sur la Turquie quand ils reviennent», assure fièrement le patron, qui se conçoit comme un pont entre les deux pays. Gerhard Schröder ne pouvait pas trouver meilleure caution, surtout au moment où la question de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne rencontre de vives réticences dans de nombreux pays. En décembre 2002, le chancelier avait déjà chargé l'entrepreneur d'exposer ses vues à Jacques Chirac. Un an plus tard, Schröder a parachuté öger en dixième position de la liste nationale. Même si le SPD ne remporte que 10 % des voix, «l'ambassadeur turc» est assuré d'entrer au Parlement européen.
Totalement novice en politique, ÷ger a connu, la semaine dernière, son premier baptême du feu. Pris à partie